Les projets soutenus par l’aide à la production phonographique et/ou vidéographique - 2e commission

• ONJ-Orchestre National de Jazz (CD ; Numérique ; Autre)

L’Orchestre National de Jazz a créé en coproduction avec l’Ircam Ex Machina, conçue par le saxophoniste américain Steve Lehman et Frédéric Maurin, directeur artistique de l’ONJ, à Radio France en février 2022 dans le cadre du Festival Présences. Tous deux ont développé depuis plusieurs années au sein de leurs ensembles respectifs, un fort intérêt pour les techniques de la musique spectrale appliquées à la fois à l’orchestre mais également dans le domaine de l’improvisation. Cet intérêt les a menés à développer des dispositifs électroniques spécifiques à leur pratique.

Fruit d’une collaboration avec l’équipe Représentations Musicales de l’Ircam dirigée par Gérard Assayag, Ex Machina explore ainsi pour la première fois les possibilités d’interactions entre les instrumentistes et la machine au sein d’un grand orchestre de jazz. En intégrant des dispositifs créés à partir de l’environnement DYCI2 par Jérôme Nika dans le processus de composition et en temps réel dans les improvisations des solistes, l’ordinateur devient, tour à tour, un générateur d’orchestrations électroniques pour les compositeurs et un partenaire d’improvisation pour les musiciens. En janvier 2023, le programme sera enregistré au Studio Bauer lors d’une session de 4 jours de studio. 

• Le Phare à Lucioles (CD)  

Le quartier de Saint-Auban est une ancienne cité ouvrière née avec l’installation de l’usine Pechiney au début du XX^ème siècle. Elle se situe aujourd’hui dans la commune de Châteaux-Arnoux-Saint-Auban, dans les Alpes de Haute-Provence. La cité se présente comme une zone résidentielle verdoyante et aérée, aux espaces publics larges et généreux. Elle se compose de plusieurs secteurs aux caractéristiques morphologiques, architecturales et urbaines différentes. Dès 1920, on dénombre 220 maisons et logements. La cité est alors une propriété privée, fermée par des chaînes aux extrémités des avenues. 2 000 personnes habitent Saint-Auban à l'aube de la deuxième guerre mondiale. À partir de 1980, la société se désengage progressivement et en 1988, les infrastructures deviennent communales. En 1989 la commune prend le nom de Château-Arnoux-Saint- Auban. 

Le Théâtre Durance, scène conventionnée d’intérêt national « Art et Création » et pôle de développement culturel, passe régulièrement commande à des compositeur·rice·s pour la création de balades sonores. À partir de balades proposées par des habitants et transmises ensuite à un·e artiste, le théâtre propose de porter un regard neuf sur son territoire, d’arpenter des chemins connus ou d’en explorer de nouveaux, accompagnés d’une composition musicale imaginée pour la marche. Loïc Guénin a souhaité transformer cette commande de balade sonore qui lui était destinée en un projet collectif en invitant Pascale Berthelot (piano), Xavier Charles (clarinette), Eric Brochard (basse électrique) à le rejoindre pour composer et travailler un répertoire de pièces autour de ce quartier. Ce répertoire fait l’objet d’un disque, produit par la compagnie Le Phare à Lucioles sur le label Patazone. Un photographe, Vincent Beaume, à également été associé au projet pour produire des images qui seront intégrées au disque en format cartes postales.

• Claves Records SA (CD ; Numérique)

Premier enregistrement monographique, intégrale des œuvres pour piano solo de Thierry Escaich. A cette occasion, le compositeur a choisi l'interprète Claire-Marie Le Guay et assumera la direction artistique de l'enregistrement. Sur les huit œuvres présentées dans le projet, trois sont inédites au disque, une est en cours d'écriture et les quatre autres œuvres ont fait l'objet de trois enregistrements "récitals", soit avec plusieurs compositeurs (dont un CD de la maison de disques Claves pour les Trois Etudes impressionnistes). 

• Association La Poutre Et La Paille - Cie LpLp (CD ; Autre)   

Watt, quatuor de clarinettes, créé en 2011, explore les dédales du mouvement immobile. Il compte à son actif, plus de cinquante concerts à travers l’Europe et deux albums : un LP paru en 2013 et un CD paru en 2015 (BeCoq records), réédité en 2018 (Onze Heures Onze).

Antonin-Tri Hoang : "Pendant dix ans, nous avons joué, en quatuor de clarinettes, une pièce improvisée de 40 à 50 minutes qui est devenue une composition par la force des choses. Cette force des choses, ce sont les nombreux concerts que nous avons faits, et qui ont amené cette proposition simple en apparence - faire un son continu évoluant très lentement à partir d'un unisson - à varier légèrement, à progresser lentement, en fonction de l'espace, de l'auditoire et de nos facultés d’endurance. Au cours de ces dernières années, des personnalités aussi diverses que Eleanor Bauer (chorégraphe), Florian Satche (percussionniste) ou Elsa Biston (compositrice) nous ont proposé de collaborer autour de ce son continu. En 2021, un format très singulier nous est apparu comme une extension naturelle de l'expérience de perte de notion du temps que peut provoquer l'écoute de notre musique : La Cassette infinie.

Ce procédé est rendu possible par la jonction des deux extrémités d'une bande magnétique allant jusqu'à 15 minutes. Nous avons souhaité initier de nouvelles collaborations en passant commande aux compositrices Caroline Marçot et Kali Malone ainsi qu'aux compositeurs Karl Naegelen et Léo Dupleix. Nous ne proposons pas d'autres contraintes que celles qu'impose ce support particulier : la fin doit correspondre au début pour que l'une et l'autre soient abolis. En plus de ces 4 commandes, nous avons créé une composition collective utilisant un REVOX muni d'une bande infinie.

• Label Erratum Musical (Vinyle)

Il s'agit de l'édition du premier album sur support vinyle de l'artiste Meryll Ampe - et cela sera fait avec un double album - de nouvelles compositions électroniques expérimentales, et un 2^ème vinyle comprenant les créations qui se font en résidence au GRM (Groupe de recherches musicales en électroacoustique).

• Ensemble intercontemporain (CD)

Etant tout à la fois une œuvre musicale inclassable et une œuvre emblématique de l'ouverture des esthétiques de l'Ensemble intercontemporain, Hommage à Klaus Nomi, créée par la compositrice autrichienne Olga Neuwirth pour le contre-ténor Andrew Watts, sera pour la première fois fixée et pressée en phonogramme du commerce dans un souhait d'élargissement du public et de diffusion amplifiée de cette musique.

Klaus Nomi, artiste qui a marqué son époque par son style et sa voix en marge, à mi-chemin entre l'opéra et la pop culture, est ici mis à l'honneur par une nomenclature d’orchestre atypique et une voix d'exception, en l'espèce celle d'Andrew Watts lui-même. Ainsi, c’est aux sons des synthétiseurs, de la contrebasse électrique ou encore notamment de la guitare qu’évolue la voix d’Andrew Watts, qui se déploie progressivement dans les 9 chansons que compose ce disque. Certains y reconnaîtront d’autres hommages mêlés, l’écriture compositionnelle faisant référence à l’histoire de la musique et s’inscrivant ainsi dans un héritage musical riche et fécond. Le magnétisme de la voix d’Andrew Watts, soumis à une véritable performance vocale, à l’image de l’artiste auquel il rend lui-même hommage, parachève cette œuvre totale, incandescente, hors du temps.

• Association Nocte (CD ; Numérique)

L'ensemble Trobar Project a créé le programme Exils, celles qui restent et celles qui partent... fin 2020. Donné de nombreuses fois en concert, le programme est désormais rôdé, prêt à être enregistré, ce que réclame régulièrement notre public. Ce programme est un hommage aux femmes en exil, du Moyen Âge jusqu'à nos jours. Il mêle chants de femmes du Moyen Âge, de la Renaissance, chants séfarades et plusieurs créations de Thierry De Mey, hommages sensibles et contemporains à celles qui n'arrivent pas, aujourd'hui, au bout de leur exil. 

• Le Triton (Numérique)

Après un premier projet accompagné de Lou Renaud-Bailly, percussionniste soliste, Maxime Mantovani a souhaité entreprendre un nouveau travail de création, de composition et d’interprétation à partir des possibilités offertes par un instrument rare et atypique : la passerelle microtonale. La passerelle microtonale est un métallophone à clavier au sixième de ton, créé en 1997 par le collectif d’artistes L’Art de la vie. Peu joué, cet instrument a rarement fait l’objet de travaux d’écriture et à ce jour, aucun répertoire spécifique n’existe. Il fait aujourd’hui partie du « Fonds instrumental » du Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis qui le met gracieusement à disposition durant les 18 mois de résidence.

Aussi, à l’invitation de Jean-Pierre Vivante, directeur du Triton, scène labellisée SMAC et reconnue à l’échelle nationale dans le champ des esthétiques « Jazz et musiques improvisées », le projet de résidence porté par Maxime Mantovani lui permettra de proposer une composition originale en trois mouvements et d’expérimenter la synthèse sonore et la spatialisation du son.

En réponse aux approches artistiques hybrides des musiciens et à leur volonté de développer différents aspects esthétiques autour de la passerelle microtonale, Maxime Mantovani composera donc un triptyque d’environ 30 minutes (3x8 minutes), comprenant un premier mouvement pour passerelle et électronique ; un deuxième mouvement pour passerelle, clarinette, ondes Martenot et électronique ; un troisième mouvement pour passerelle, clarinette, clarinette basse métal, violoncelle, contrebasse, ondes Martenot. Cette composition s’inscrira dans la continuité de ses précédents travaux autour de l’écriture du rythme et de l’organisation du timbre dans le temps, avec une attention particulière portée sur la microtonalité. 

• Sonic Protest (Numérique ; Vinyle)

Attaques sans coupe-bas, ferrailles amplifiées, feedbacks rattrapés, hasards provoqués, mélodies qui s’invitent mais ne restent pas dîner, esquisses rythmiques, matières construites et fêlées, contrepoints à la ligne... à rebours et droit devant : Autoreverse est le duo de Nina Garcia aka Mariachi et Arnaud Rivière qui se réunissent autour d’un tas de haut-parleurs pour construire une musique aussi immédiate qu’incandescente. Lors de sa création en 2020, le duo s'est tout d'abord confronté à l'exercice de la musique confinée et streamée. En 2021 et 2022, Autoreverse se rattrape et joue plus de 20 concerts en France et à l'étranger. Cette période est marquée par plusieurs résidences (La Muse en Circuit, GMEM) qui permettent de développer un langage musical partagé bien qu'improvisé, un dispositif sonore singulier (un tas mono et réversible au centre du plateau), et une scénographie lumière autonome et transportable (en partenariat avec le Lab-Gamerz d'Aix-en-Provence).

En 2022-2023, Autoreverse souhaite étendre sa diffusion via les supports matériels et immatériels et se confronter à la question de l'enregistrement du son et des musiques improvisées. Cette nouvelle étape, plus qu'une simple manière de fixer et diffuser leur musique, leur permettra d'expérimenter d'autres façons de travailler et de composer ensemble en restant fidèle à leurs crédos : musique de l'instant, hasards, bruits, dynamiques extrêmes et art du contrepoint. La sortie d'un disque est également essentielle pour la diffusion du projet en dehors des frontières hexagonales et entre autres auprès des programmateur·rice·s. Des intérêts ont déjà été émis par des labels au rayonnement international. Seule l’écoute des bandes mixées permettra de transformer ces hypothèses en objet. Pour enregistrer et mixer, Autoreverse s'entourera d'Etienne Foyer, brillant ingénieur du son qui les suit en tournée et avec lequel ils ont construit leur dispositif sonore, une présence essentielle au projet.

•    Association Warn!ng (CD ; Numérique)  

L’ensemble des pièces proposées couvre une période entre 2001 et 2022. Il s’agit de pièces de musique de chambre (ou d’ensembles non dirigés) qui explorent la théâtralité inhérente de la musique à travers différentes mises en situations spécifiques. Les quatre duos explorent la notion du miroir sonore. L’écriture musicale propose plusieurs jeux d’imitations, de reflets, de déformations, d’échanges et de fusions entre les instruments. L’idée d’une conversation musicale entre les musiciens est aussi un point commun entre ces pièces. Préludes emmêlés est un trio en neuf mouvements. Il déploie une forme à travers quatre personnages sonores qui disparaissent et se reforment continuellement. Time To Time est une pièce issue d’un projet de théâtre musical autour des représentations du temps et de leurs défaillances (horloges déréglées, cassées, arrêtées…). La pièce s’articule autour d’un continuum d’horlogerie mécanique, continuum à la fois instable et obstiné. Elle explore les différentes polyrythmies qui en résultent et les variations de timbre qui les accompagnent.

•    Le Collège Contemporain (Numérique)  

Collegium21 est un événement musical et pédagogique unique dans le monde de la harpe. Son projet est de mettre en valeur la harpe d’aujourd’hui en favorisant la rencontre entre les compositeurs, compositrices et les jeunes harpistes. Chaque geste des jeunes interprètes est ainsi directement relié à la transmission des compositeurs. Ce projet de filmer ces rencontres entre compositeur·rice·s et jeunes harpistes, et de les diffuser sur les réseaux pour un accès à tous, est inédit. Articulé en deux temps forts, il offre la possibilité aux harpistes de tous niveaux de découvrir les écritures d’aujourd’hui avec une série de master class conduites par des compositeurs invités. Il s'ensuit, une quinzaine de jours plus tard, un concours dont le programme est composé, pour une grande partie, des œuvres de création abordées lors des master class.

Parce que découvrir les langages d’aujourd’hui, approcher le métier de compositeur, s’approprier de nouveaux modes d’expression et modes de jeu sont autant d’expériences enthousiasmantes, Collegium21, dans une volonté de partage, met aussi à disposition sur son site internet toutes les vidéos de ses master class. Mis en place depuis 2016 par les co-fondateurs Ghislaine Petit-Volta et Rémi Guillard, Collegium21 est aujourd’hui repris par l’association Le Collège Contemporain en partenariat avec l’association Les signes de l’arc, sous la codirection artistique de Ghislaine Petit-Volta et Laurence Bancaud. La prochaine édition du Collegium21 aura lieu en juin 2023 au CRR de Paris. Les master class auront lieu les 3 et 4 juin et le concours les 17 et 18 juin 2023. 

• Collectif 2035 (Numérique ; Vinyle) 

La direction musicale de l'Orchestre 2035 se resserre autour de la musique répétitive, le matériel enregistré étant directement issu du travail réalisé lors de la résidence de création à la Dynamo de Banlieues Bleues durant la saison 2021/2022. Les compositions s’articulent autour de la superposition de cellules mélodiques et rythmiques qui servent de point de départ et de canevas à une forme d’improvisation contrainte. La somme des micro-improvisations ou micro-déviances fait avancer la musique par dégradation progressive de l’écriture initiale, présente comme pour se faire oublier, au profit d'une machine infernale qu’arrête seulement la fatigue.

Cette dégradation alliée au caractère massif de l’orchestre rend la musique nécessairement multidirectionnelle, ou cumulative, comme addition de 15 morphing parallèles, dont certains en homorythmie, formant des sous-groupes se choquant entre eux. La durée des morceaux est à la mesure du temps nécessaire aux auditeur·rice·s pour suivre l’une ou l’autre de ces trames évolutives. L’intérêt est aussi lié au déplacement dans l’espace musical : qu’est-ce que produit ce genre de contraintes réductrices, comme on réduit une sauce, appliquées à des improvisateur·rice·s ? Le résultat est celui d’une pression, d’une compression, d’un travail contre soi-même fait d’acceptation/résistance aux codes, une musique qui se cogne aux murs et fait entendre les cognements.